Que nous enseigne Thich Nhat Hanh depuis sa chambre d’hôpital ?

monaci di plum village a roma 30 nov 2014Thich Nhat Hanh, 88 ans, le plus célèbre et vénéré maître bouddhiste vivant, est actuellement hospitalisé à l’hôpital de Bordeaux suite à une grave hémorragie cérébrale. Alors que, partout dans le monde, les millions de disciples et sympathisants qui suivent ses enseignements et son évolution vivent l’appréhension et la peur de perdre un point de référence important de leur vie, il est intéressant de nous interroger sur le ressenti des personnes qui lui sont particulièrement proches, à savoir, les moines et moniales de son centre de pratique au Village des Pruniers.

Hier fut l’occasion pour nous de rencontrer quelques-uns de ces Monastiques, à Rome, et de recueillir leurs témoignages directs. Le maître zen est hospitalisé, ses paramètres sont stables, il semble qu’il soit en train de “récupérer des forces” et de résorber peu à peu l’hémorragie même si l’ampleur de la pathologie invite toujours à la prudence et maintient Thây en situation critique.

Mais comment se fait-il que les monastiques sourient ?

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À l’hôpital, Thich Nhat Hanh est en permanence entouré d’une dizaine de membres de sa communauté ; il est donc très bien entouré, en contact proche et permanent avec ces personnes qu’il connaît le mieux et qui lui apportent beaucoup d’amour et d’attention. Thây reçoit les meilleurs traitements disponibles en France et le personnel infirmier lui prodigue présence et visites à tout moment, même en dehors des heures de travail officielles, goûtant à la profonde paix présente dans sa chambre. Le contexte d’hospitalisation de Thây est donc très rassurant. Thich Nhat Hanh semble entièrement habiter sa respiration, comme si – malgré son apparente inconscience – il continuait à transmettre son enseignement : “arrête-toi, retourne à ta respiration, reviens à ton souffle ; sers-toi de ta respiration pour prendre soin de toi…”

“En cette période, joie et douleur cohabitent en mon coeur”, nous confie un jeune moine. La joie émane précisément de Thây, ce maître qui lui a appris à faire de chaque moment un moment de joie, ne serait-ce que au départ d’une simple respiration. La douleur existe, c’est indubitable ; mais joie et douleur sont les deux faces d’une seule et même médaille, comme l’a répété si souvent Thich Nhat Hanh. L’une ne peut exister sans l’autre.

“Nous savons qu’il est avec nous, dans chaque chose que nous faisons“, nous partage une moniale “Quand je vous ai vus – s’adressant aux participants de cette rencontre à Rome –  “j’ai compris que Thây est en chacune et chacun de nous et cela n’aurait pas été possible s’il n’avait autant voyagé. Nous sommes tous sa continuation ; à chaque fois que nous pratiquons, Thây est avec nous”.

Une autre moniale nous résume cela en expliquant que, “En ce moment, Thây est à 1 pour cent dans son corps et à 99% dans le corps de Sangha, la communauté. Vieillir, tomber malade et mourir font partie des choses normales de la vie”, poursuit-elle, avec un sourire sincère, non affecté, peut-être grâce à sa longue pratique des cinq remémorations.

La peur du futur

Il est certain que l’état de santé précaire d’un si grand maître spirituel ne peuvent faire l’impasse sur nos préoccupations. Il s’agit des mêmes inquiétudes du futur qui nous rattrapent tous, un jour ou l’autre, face aux événements de la vie et de sa précarité intrinsèque.

“Quand je me sens envahie par la peur quant à la vie de Thây, et pour ce que nous deviendrons quand il ne sera plus là – explique une autre moniale – je prends un moment pour observer cette peur et je peux y voir les graines d’inquiétude déjà présentes en moi avant, celles qui m’ont été transmises par mon éducation, et je peux alors pratiquer avec ces graines-là directement”. C’est une bonne chose finalement !

Vivre pleinement le moment présent,  c’est la meilleure façon de prendre soin du futur“, complète son frère monastique. “Si nous prenons la peine d’observer en profondeur les platanes qui bordent le Tibre, et leur apparence automnale actuelle, nous pourrons remarquer que chacun d’eux porte déjà en lui toutes les conditions qui permettront la floraison printanière. “Les graines de la peur sont déjà présentes en chacune et chacun de nous mais l’essentiel est de ne pas alimenter par le flot de nos pensées le feu de la peur qu’elles pourraient enclencher.” Et c’est précisément dans le moment présent que nous pouvons le faire.

Il est merveilleux de voir quels enseignements notre maître peut encore nous offrir, tout en étant hospitalisé dans un état d’apparente inconscience et ce, à travers son ‘corps de Sangha’.

Si tu souhaites partager ce que représente cette période pour toi, nous serons heureux de lire ton commentaire.

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Paolo Subioli

Insegno meditazione e tramite il mio blog Zen in the City propongo un’interpretazione originale delle pratiche di consapevolezza legata agli stili di vita contemporanei.

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